Les premières plages de France

(Petit historique des premiers bains de mer)
créé le jeudi 27 décembre 2007 par Maryse Gort , modifié le jeudi 27 décembre 2007
 

La plage ? Personne ne s’y intéresse avant le XIXe siècle, sauf les pêcheurs et les goémoniers. D’ailleurs, la mer fait peur. Tout va commencer dans les années 1820... Petit tour des principales plages à succès.

La plage chic des années 1820 : Dieppe

En 1820, un trajet Paris-Dieppe prend quinze heures en diligence. Mais en 1824 le compte de Brancas, alors sous-préfet de Dieppe, y fait construire un établissement de bains, inauguré dès l’été par la duchesse de Berry, belle-fille de Charles X. Enchantée de l’accueil qu’on lui fait (la ville tire 21 coups de canon à son arrivée), elle revient tous les ans et prend plaisir à nager (avec un chapeau, un paletot, une robe... et des bottines aux pieds pour se protéger des crabes). Sa présence attire la bonne société, et le succès va durer puisque le train va ramener le temps de trajet depuis Paris à 4 heures à partir de 1848. On appelle même "train du plaisir" un train avec wagons découverts qui fait Paris-Dieppe !

En 1834, Trouville rivalise avec Dieppe

Dans les années 1820, Trouville est "à peu près aussi ignoré que l’île de Robinson Crusoé", dit Alexandre Dumas qui s’y baigne nu sur la plage, puisqu’il n’y a personne. Mais les peintres mettent en avant avec leurs toiles cette jolie plage de galets : tout ce que Paris compte d’artistes, peintres et écrivains, se rue vers Trouville.

Dans les années 1860, Deauville rejoint le peloton de tête

Séparée de Trouville par la Touques, Deauville prend son essor un peu plus tard, grâce à la passion du duc de Morny pour les chevaux de course, car il y fait construire un hippodrome sur les marais sableux. On y bâtit aussi de riches villas et le village devenu ville se retrouve à son tour au premier plan de la scène balnéaire. Les planches de Deauville entrent dans l’histoire... Plus globalement, les plages normandes ont du succès : Cabourg attire la bonne société, puis Houlgate, Dives, Merville-Franceville... au rythme de l’avancée des voies ferrées.

La côte atlantique doit son succès au train

Toute la côte doit son succès progressif à l’arrivée du train : Arcachon devient à la mode sous le second Empire, Granville qui se présente comme " la Monaco du Nord " en 1870, Royan en 1875...

Biarritz en tête sous le second Empire

Dans les Pyrénées-Atlantiques, c’est l’impératrice Eugénie qui lance la mode, car la côte basque lui rappelle ses souvenirs d’enfance. À partir de 1854, elle fait de Biarritz la station balnéaire la plus chic du monde, où les maharadjahs côtoient les princes et les rois ! Son impérial époux lui fait construire une grande villa en forme de E pour lui rendre hommage.

Pornichet, Le Croisic et La Baule dans les années 1880-1900

En Loire-Atlantique, Pornichet reçoit ses premiers hôtes vers 1860, Camille Flammarion y lance une "plage des libraires" qui reçoit le monde littéraire. Mais l’essor des stations balnéaires de la région ne commence qu’avec l’arrivée du train au Croisic en 1879. Quant à La Bôle, devenue La Baule, elle attire bientôt la société la plus en vue et organise des fêtes et des courses (hippiques d’abord, automobiles à partir des années 1920).

La Bretagne suit...

Le premier lieu de villégiature en Bretagne est la plage de Dinard, avec une architecture balnéaire totalement débridée. Certaines villas ressemblent à des châteaux écossais, d’autres à des palais italiens, d’autres encore évoquent l’Espagne ou l’Orient. Il y eut même un temps une "villa Crystal" en verre, surmontée d’une petite tour Eiffel !

Les plages du Pas-de-Calais attirent les Belges et les Anglais à partir des années 1900

Malo-les-Bains, du nom de son créateur, ou surtout Boulogne attirent dès la fin du XIXe siècle Anglais, Belges et Français (Lillois plus que Parisiens) sur leurs plages l’été. Un Anglais a entrepris aussi dès 1875 la construction d’une station balnéaire au Touquet, mais l’idée ne se réalise vraiment qu’en 1882 et la plage ne connaît le succès que dans les années 1910... juste avant le coup d’arrêt de la guerre.

La Côte d’Azur a la cote l’été à partir des années 1930

L’expression de "Côte d’Azur " date de 1887. À la fin du XIXe siècle, la Riviera attire seulement les Anglais et seulement l’hiver. "Il y a à Nice, raconte Alexandre Dumas qui aime à décrire cette population" à ombrelles et brodequins verts qui dit yes ", une promenade qu’on appelle terrasse, où se presse une population de femmes pâles et frêles qui n’auraient pas la force de vivre ailleurs et qui viennent chaque hiver mourir à Nice ; c’est ce que l’aristocratie de Londres et de Vienne a de mieux et de plus souffrant...". C’est aussi un Anglais qui crée Cannes de toutes pièces, avec une gare en 1853, sa croisette en 1871, son port de plaisance en 1873. Monte-Carlo va connaître le même essor, grâce à l’autorisation des jeux publics qui va faire de son casino l’établissement le plus célèbre du monde !... Avec l’arrivée de la ligne de chemin de fer de Paris à Nice en 1864 puis à Vintimille en 1871, l’aristocratie française suit, mais encore l’hiver. Dès que les beaux jours reviennent, les villes de la côte se vident. Il faut attendre 1930 pour que les hôtels cessent de fermer de mai à septembre. La guerre est passée par là, les voyages viennent de reprendre, mais la bourgeoisie a remplacé l’aristocratie, et le tourisme d’été celui d’hiver.

Sources :

Texte : Marie-Odile Mergnac - site notrefamille.com

Photos : collection privée


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